Un lecteur, Pierre-Yves Bruant, nous adresse cette tribune libre sur la crise CMB-Arkea. Nous la diffusons ci-dessous. NDLR : Certains lecteurs se sont interrogés sur un « Parti pris » que notre rédaction aurait concernant la crise entre le CMB et Arkea. Il n’en est rien, ce n’est pas notre rôle, et nous diffuserons volontiers les tribunes (nous n’en avons pas reçu à ce jour) et arguments de ceux qui sont favorables à la séparation des deux entités.
Pour justifier ses velléités de départ, Jean-Pierre Denis, le président d’Arkéa, ne cesse de diaboliser la Confédération Nationale du Crédit Mutuel (CNCM) qui, selon lui, chercherait depuis toujours à « mettre la main » sur l’entité bretonne. Immersion chez les complotistes…
La CNCM veut « mettre la main » sur Arkéa, la CNCM est « noyautée par le groupe CM11-CIC », le CM11-CIC met en place des pratiques « anti-concurrentielles et déloyales », et empêche Arkéa « d’avoir accès à certains dossiers »… Le moins que l’on puisse dire, c’est que la liste des griefs du patron d’Arkéa à l’encontre de la CNCM est salée.
Pourtant — comme pour toute théorie du complot qui se respecte — celle-ci ne repose sur aucune preuve. Mais qu’à cela ne tienne, Jean-Pierre Denis a réussi à fédérer un certain nombre d’individus autour de son projet, notamment en jouant sur la peur. Mais pas que : on trouve en effet de nombreux « startupeurs » dans la liste des soutiens d’Arkéa, comme Guillaume Gibault (Le Slip Français), Olivier Mathiot (Price Minister Rakuten) ou encore Geoffroy Guigou (Younited Credit).
Et pas besoin d’aller chercher bien loin pour imaginer les véritables raisons de leur soutien à la banque bretonne : ces derniers sont liés financièrement à Arkéa. Or, Jean-Pierre Denis semblant être un adepte des moyens de pression en tout genre — comme lorsqu’il a forcé ses salariés à aller manifester en faveur du projet d’indépendance à Paris —, ces liens financiers ont certainement servi à convaincre ces entrepreneurs de soutenir Arkéa. Il aurait été dommage que leurs conditions de financement se détériorent…
Le 11 juillet dernier, Marylise Lebranchu, ancienne ministre de la Décentralisation de François Hollande, est montée au créneau pour dénoncer les projets de Jean-Pierre Denis : « je ne comprends toujours pas les raisons qui poussent Arkéa à quitter le giron de la CNCM. […] Je n’ai jamais eu de réponses précises à mes interrogations. Quand j’étais encore parlementaire, j’ai rencontré des salariés inquiets qui n’avaient pas plus d’éléments que moi », affirmait alors l’ex-ministre.
Et de poursuivre : « La Confédération a-t-elle empêché une seule fois Arkéa de créer une filiale ? De même l’idée qu’on va supprimer des emplois n’a pas de sens. Les ressources humaines sont de la responsabilité d’Arkéa. La Confédération est un filet de protection et joue un rôle de négociation auprès des régulateurs bancaires. Elle a fait des erreurs dans le passé, mais elle les a corrigées par les nouveaux statuts ».
Pour matérialiser sa prise de position, Marylise Lebranchu a mis sur pied l’association « Restons Mutualiste ». Mais aussitôt créée, les partisans de l’indépendance s’en sont pris à l’association. Selon eux, celle-ci serait — encore et toujours — noyautée par la CNCM… À ce rythme, la Banque de France et la Banque Centrale européenne, qui ne cessent d’étriller Arkéa, vont elles aussi être accusées d’être à la solde de la CNCM… Et si l’on sait à qui profite cette vaste théorie du complot, on sait aussi qui pourraient en être les principales victimes : les salariés de l’entité bretonne…
Par Pierre-Yves Bruant
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